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Qu'est-ce qui justifie l'existence de Logibec-ILAQ

Avec du temps, un non-francophone (anglophone ou allophone) arrivera à comprendre un message écrit en français.  Mais ce même message, énoncé spontanément par un francophone, va souvent ressembler à une cacophonie, qui semble n’avoir aucun lien avec ce qui a été lu.

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Est-ce que le discours spontané des francophones est différent de l’écrit?  Absolument!  

 

On a tout le temps qu’il faut pour lire ou écrire une phrase.  Le temps n’est pas un facteur important.  On peut alors, à son rythme, traiter plusieurs opérations mentales, chercher les mots dans le dictionnaire et analyser les nombreux pièges de et la grammaire française.  

 

Si on considère que parler et écouter, c’est traiter au moins cinq informations ou opérations mentales en une seconde, on peut aisément comprendre pourquoi le discours spontané doit être différent de l’écrit.  C’est le lot de toute langue.  Seul les communicateurs professionnels arrivent à parler comme ils écrivent et cela, au bout d’un long entraînement.  

 

Alors…

 

Peut-on exiger de la personne qui apprend la langue seconde qu’elle en maîtrise rapidement son aspect le plus complexe?  Peut-on demander à un anglophone (ou allophone) d’utiliser un langage châtié que même un francophone bien entraîné n’utilise pas spontanément?

 

 Eh bien...  

 

C’est exactement ce que fait le monde de l’enseignement du français langue seconde.  On y enseigne la langue au moyen de livres de grammaire et de conjugaison.  On offre à l’étudiant un soi-disant ''français de la communication'', classique et châtié, un langage virtuel et idéalisé que les francophones n’utilisent pas, même dans les occasions les plus formelles.  C’est le langage des discours officiels (écrits) et des nouvelles de Radio-Canada (écrites).  C’est également le langage de la plupart des professeurs de français langue seconde qui veulent sécuriser leurs étudiants en les convainquant que ce qu’ils voient est ce qu’ils vont entendre et la façon dont ils doivent parler.  Le discours normal, spontané est alors dédaigneusement qualifié de langue de la rue.  

 

En fait, cette dernière expression n’est qu’un euphémisme pour éviter le mot joual.

 

 Alors les étudiants, écoutent le discours spontané des francophones et il leur apparaît évident que ces derniers parlent tous joual et qu’ils ne respectent pas cette langue seconde magnifique et complexe qu'eux courageux, courageux étudiants, essaient d’apprendre.  

 

On dit aux étudiants qu’ils auront peine à comprendre le discours des francophones et qu’ils ne faut surtout pas parler comme eux.  

 

Les Canadiens français ne parlent pas joual.  Ils parlent le français parlé spontanément.  Ils utilisent une grammaire et un lexique simplifiés plutôt que les structures toujours plus complexes du français écrit.  Ils prononcent les mots et les phrases en contractant et assimilant les sons. Abstraction faite des individus dont le discours reste incompréhensible, la très grande majorité des francophones, quels que soient le niveau d’éducation et le milieu de travail, produisent un discours spontané, grammaticalement et phonétiquement simplifié.  

 

Le français canadien n’est pas une langue dégradée.  

 

Les Canadiens anglais, parlent-ils mal l'anglais?  

 

Celui ou celle qui a l’intention d’apprendre l’anglais ne s’interroge pas vraiment sur la qualité ou la légitimité de l’anglais canadien.  

 

La plupart des francophones apprennent l’anglais en imitant le locuteur anglophone.  Ils ont rarement besoin de la grammaire.  Ils répètent ce qu’ils entendent, essayant de reproduire, le plus fidèlement possible, les phénomènes grammaticaux et phonétiques de l’anglais parlé. Pourquoi donc essaie-t-on d’éloigner l’étudiant du véritable français parlé. 

 

Pourquoi l’encourage-t-on à apprendre un français soi-disant ''international'' (euphémisme pour français écrit) qui est loin du discours normal du Canadien-français ou de n’importe quel locuteur francophone? Pourquoi le système s’arrête-t-il à enseigner le si complexe français écrit et à presqu'ignorer les phénomènes grammaticaux et phonétique du français parlé?  

 

Parce que c’est plus facile à enseigner.  La grammaire officiel régit l’écrit.  Une grammaire réellement efficace du français parlé n’existe pas vraiment parce que l’usage de l’oral change constamment.  La plupart des enseignants sont experts en grammaire classique mais hésite à créer une grammaire communicative.  Ils peuvent difficilement expliquer à l’étudiant avide d’analyse la cause des contractions et des assimilations qui se produisent lors du discours rapide.  Ils préfèrent plutôt parler de gens qui ne sont pas capable d’utiliser le bon français.  Il est vrai qu’exposer l’étudiant au français écrit, répond au ''besoin de papiers'' de ce dernier; à son besoin de visualiser, à son besoin de temps pour comprendre et produire une phrase en français. L'Étudiant devient un apprenant visuel.  En fait, un adulte éduqué est un apprenant visuel.

 

 ''Écrivez le mot, la phrase, s’il vous plaît!''   La sempiternelle demande!

 S'y plier, c’est inhiber la capacité de l’étudiant à discriminer les sons du message parlé.  Parce que, évidemment, dès que l’étudiant voit le mot ou la phrase, il comprend plus rapidement l’information.  Devant un message maintenant clair, il n’a plus besoin de se concentrer sur cette ensemble cacophonique de sons qui le déroutait plus qu’il ne l’aidait.

 

 Le français parlé s’apprendra plus rapidement à condition que le système de formation linguistique propose l’oral plutôt que l’écrit et à condition également qu’on accepte la légitimité du français parlé par les Canadiens français. 

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